« Nous n’avons pas le droit à l’erreur ! »
Depuis de nombreuses années, Brigitte Heiden s’occupe des différents aspects de la logistique dans l’usine de MGG Polymers. Pour la traditionnelle interview relais de MGG, qui présente un(e) collaborateur(trice) du groupe Müller-Guttenbrunn, elle interrompt exceptionnellement son travail pendant quelques minutes pour nous parler de son quotidien professionnel.
Madame Heiden, cela fait maintenant dix ans que vous travaillez chez MGG Polymers. Comment avez-vous rejoint l’entreprise ?
BRIGITTE HEIDEN : Je suis arrivée ici par le plus grand des hasards. À l’époque, une de mes amies avait déposé sa candidature pour ce poste. Mais elle ne cherchait qu’un emploi à mi-temps, ce qui n’était pas possible ici. Elle m’a appelée et m’a dit que c’était exactement ce qu’il me fallait. Je me trouvais à la basilique de Sonntagberg. En règle générale, j’éteins toujours mon téléphone portable quand je suis là-bas ; mais cette fois-ci, je l’avais oublié. Je me suis présentée le jour même et j’ai commencé à travailler deux jours plus tard.
Que faisiez-vous avant cela ?
HEIDEN : Aussitôt après avoir terminé l’école de commerce, j’ai commencé à travailler pour l’entreprise Böhler. J’y ai occupé pendant 20 ans un poste dans le bureau d’études puis dans le service d’expédition. Ensuite, j’ai cherché un emploi à temps plein et j’ai trouvé un poste à la scierie de Mayr-Melnhof. Le travail y était très varié et m’a toujours plu. Puis, j’ai finalement atterri ici, chez MGG Polymers. Je suis donc passée par trois matériaux différents tout au long de ma vie professionnelle, à savoir le métal, le bois et le plastique.
Ici, chez MGG Polymers, vous êtes responsable de la logistique. Quelles sont les tâches auxquelles vous êtes confrontée au quotidien ?
Heiden : Je m’occupe de la réception des marchandises, c’est-à-dire dans notre cas du matériel WEEE, soit le matériel issu des déchets d’équipements électriques et électroniques. Nous devons décharger les camions et nous occuper des documents et des formalités administratives. Le bon déroulement des opérations est particulièrement important lorsqu’il s’agit d’éliminer correctement les déchets. Nous n’avons pas le droit à l’erreur ! Mais ce n’est pas toujours facile, car nous dépendons des sociétés de traitement des déchets. Du point de vue de l’entreprise, il est bien sûr important d’éviter tout retard excessif, qu’il s’agisse de camions, de matériel de livraison, de produits finis ou de résidus à éliminer.
Il est évident que vous avez beaucoup à faire ici. De plus, vous êtes en contact avec de nombreuses personnes. Le bureau logistique est considéré comme un lieu de rencontre au sein de l’entreprise. Quelles sont les personnes que vous y retrouvez ?
HEIDEN : Chaque matin, les livraisons ou les éliminations sont coordonnées avec le responsable de production et le chef d’équipe. Les collaborateurs aiment aussi nous rendre visite. En plus de mon chef, trois autres collègues partagent ce bureau avec moi ; nous partageons toujours de bons moments. Nous recevons aussi quelques personnes de l’extérieur, pas seulement les chauffeurs de camion, mais aussi les livreurs de courrier et de colis. Pour des raisons de sécurité incendie, toutes les entreprises externes qui effectuent des travaux chez nous ainsi que les représentants et autres visiteurs doivent s’annoncer auprès de mon service logistique dès leur entrée dans les locaux. Il faut donc être capable de gérer le stress à certains moments, lorsque tout le monde veut quelque chose et que le téléphone ne cesse de sonner. De plus, de nombreux chauffeurs ne maîtrisent pas l’allemand ; il arrive alors que l’on communique avec les mains, l’ensemble du corps et le traducteur Google. Si vous cherchez un travail paisible, vous êtes au mauvais endroit! Mais j’aime vraiment mon travail et je ne me laisse pas facilement déstabiliser. On acquiert rapidement un certain talent pour le multitâche!
Par où commencez-vous cette journée de travail si remplie ?
HEIDEN : J’arrive toujours au bureau à 6 h 15 et j’essaie de boire un café tranquillement, ce qui n’est pas toujours possible car les premiers camions sont souvent déjà là. Je commence officiellement mon travail à six heures et demie, et c’est à ce moment-là au plus tard que les choses commencent à bouger. J’envoie les premiers camions au déchargement, je prépare les documents de fret, j’envoie des documents aux autorités. Au cours de la journée, je fais aussi une tournée pour vérifier l’état de mon stock de matériel. Parfois, je reçois aussi une visite de contrôle de la part des autorités douanières dans le cadre d’une vérification de livraison. Quoi qu’il en soit, je ne m’ennuie pas.
Quels sont les principaux défis que vous rencontrez au cours d’une journée de travail classique ?
Heiden : Le principal défi consiste à tout faire correctement et avec précision, malgré l’agitation constante. Les factures doivent être contrôlées, les documents de fret doivent parallèlement être rédigés pour l’élimination et pour la réception des matières premières, et la balance du véhicule doit également être surveillée. Si un camion reste une minute sur la balance, il est certain que des coups de klaxon se feront entendre ; mais il ne faut pas se laisser déstabiliser. Même si une personne est en colère et pense qu’elle doit se défouler sur moi. Il ne faut pas se laisser faire, mais il ne faut pas non plus se braquer tout de suite, car en fin de compte, la coopération est très importante.
Les choses bougent constamment. Qu’est-ce qui rend votre travail si intéressant pour vous, à titre personnel ?
Heiden : Mon travail est et restera toujours passionnant par la diversité des personnes que l’on rencontre. Aucun jour ne se ressemble, l’improvisation est toujours de mise. J’ai toujours trouvé formidable de pouvoir faire mon travail de manière autonome. Il n’arrive presque jamais que quelqu’un intervienne. Ce que j’aime aussi, c’est que notre bureau est très convivial. Notre équipe collabore depuis un certain temps déjà et nous nous amusons beaucoup. C’est une équipe très jeune, qui me permet aussi de rester jeune. Il est certain que mes collègues me manqueront à la retraite.
De quelles expériences passionnantes vous souviendrez-vous lorsque vous partirez à la retraite à la fin de l’année ?
Heiden : La rotation de la zone de livraison était et reste captivante : elle est parfois si vide que l’on craint qu’il n’y ait bientôt plus de matériel pour la production. D’autres fois, des montagnes de matériaux s’y accumulent, car les camions arrivent les uns après les autres, et nous ne savons pas quoi faire de tout ce matériel. Je me souviens d’un épisode marquant qui s’est produit chez nous il y a quelques années et qui a été provoqué par un chauffeur de camion : ce jour-là, un camion était resté toute la matinée devant l’entrée. Comme il était encore là à midi, nous avions frappé à la porte et cherché le chauffeur. Nous avons ensuite appelé l’entreprise de transport, qui n’a pas non plus réussi à joindre le chauffeur. Nous étions tous très inquiets et avons fini par alerter la police. Une fois la police sur place, le chauffeur est sorti de sa couchette, complètement endormi, se demandant ce qui se passait. Heureusement, il était simplement profondément endormi.
Ces dix dernières années, vous avez connu non seulement une succession d’épisodes de ce genre, mais aussi trois directeurs généraux. Qu’est-ce qui a changé au fil du temps ?
Heiden : Le plus frappant est de constater à quel point la place est de plus en plus restreinte. Nous investissons et modernisons en permanence. La reprise intégrale de l’usine par le groupe Müller-Guttenbrunn en 2017 a constitué un changement considérable. Avant cela, l’habitante du Mostviertel que je suis avait du mal à se familiariser avec le style américain. Chez Müller-Guttenbrunn, il est évident que l’être humain compte bien plus que dans un grand groupe. Cela procure un réel sentiment de sécurité !
Vous avez déjà évoqué brièvement votre retraite, qui débutera au mois de décembre. Qu’est-ce qui vous manquera le plus ?
Heiden : Certains attendent la retraite avec impatience. Je n’en fais définitivement pas partie, j’ai toujours été ravie d’aller travailler. Le rythme de vie régulier et surtout mes collègues de travail en particulier vont me manquer. J’ai du mal à croire que le moment soit déjà arrivé, toutes ces années de travail ont passé si vite.
Mais il y a certainement beaucoup de choses que vous attendez avec impatience...
Heiden : Oui, bien sûr. Je me réjouis surtout d’avoir plus de temps pour mes deux petits-enfants. J’aime aussi faire des randonnées en montagne, la musique et la danse, et j’ai commencé le tir à l’arc il y a cinq ans. J’espère avoir plus de temps pour cela, ainsi que pour des concerts de rock, des conférences ou des cours captivants. Peut-être ferai-je à nouveau un vol en montgolfière, un souhait que j’ai réalisé l’année dernière. Comme dans la vie en général, il est toujours passionnant de savoir où le vent nous emmène. Je ne connaîtrai donc pas le choc de la retraite, c’est certain !